La Duchesse
: Cette nuit, nous ferons le procès de Don Juan. Il ne sait rien, il croit se rendre à un bal.
La Duchesse
: Introduis-le, Marion. Et méfie-toi.
Marion
: Oh, madame, il a l’air si inoffensif !
Don Juan
: Madame la Duchesse, vous êtes délicieuse, personne ne sait recevoir comme vous...
... Et comme c’est gentil d’avoir fait venir spécialement des personnes si pittoresques !
La Duchesse
: Taisez-vous, sot ! Vous n’avez pas changé, vous êtes toujours le même, souple, noir...
Vous allez l’épouser ! Et vous lui serez fidèle ! Et vous lui ferez des enfants ! Et vous la rendrez heureuse...
Don Juan
: Et vos épées, pour me vaincre, auront été les larmes, la maladie, les gémissements, l’attente ?
La Religieuse
: Misérable,
le paon de la duchesse est en train de mourir !
La Duchesse
: C’était affreux... lui qui avait été si beau... démis, brisé... et ce sang coagulé sur sa tempe !
La Religieuse
: Le seigneur, en nous
faisant femmes, nous a rendu la vertu bien difficile !
... d’enregistrer toutes les conquêtes de son maître
sur un carnet de maroquin vert.
Sganarelle
: Sans doute ai-je moi aussi des replis à mon âme... Voyez comme on peut être superficiel.
Don Juan
: Il y avait là une âme d’élite, dans l’un des plus jolis corps qui soient, une proie inespérée.
Mlle de la Tringle
: Je ne suis pas de celles qui
passent leur journée à se vêtir et à se peindre !
Don Juan
: Je ne vous aime pas le moins du monde. Je me marie avec vous, c’est bien assez.
La Duchesse
: C’est du gâtisme, du pur gâtisme !
On dit “La vieille est gâteuse”, on ne m’en veut pas.
Sganarelle
: Je vois des femmes qui sont surprises. Et puis je vous vois seul. Et moi aussi.
Sganarelle
: C’est simple : si Don Juan
n’existait pas, j’aurais pu l’inventer.
Don Juan
: Je croyais savourer le plaisir, et je n’en goûtais que l’excitation. J’aimais gagner, rien d’autre.
Instantanés des répétitions.